Souvenez-vous de ces vidéos sur la place du Palais Royal :
C’était le 20 juin dernier. Une action organisée par 4 associations : Utopia56, Les midis du mie, Tara, Timmy, afin de mettre en évidence le nombre de mineurs isolés étrangers vivant sans hébergement, dans les rues de Paris.
Depuis 77 jours, ils étaient plus de 700 jeunes à avoir trouvé refuge dans une école désaffectée du XVIᵉ arrondissement de Paris.
La police est rapidement intervenue afin d’évacuer la place. Des affrontements violents ont eu lieu entre les forces de l’ordre, les associations et les jeunes migrants.
De qui parle-t-on exactement lorsque l’on utilise le terme de mineur non accompagnés ou mineurs isolés étrangers ?
Un mineur non accompagné (MNA) est un enfant de moins de 18 ans, de nationalité́ étrangère, présent sur le territoire français sans être accompagné d’un adulte, titulaire de l’autorité́ parentale ou représentant légal.
Tous les ans, plusieurs milliers de migrants arrivent en France en étant mineurs ou en se déclarant mineurs. Pour eux, commence alors un parcours où interviennent associations, collectivités territoriales et institutions judiciaires afin de les prendre en charge.
Problème : le nombre de mineurs isolés étrangers ne cessent d’augmenter et les institutions peinent à répondre à leurs besoins.
Alors combien sont-ils réellement ? Quel est le nombre de mineurs isolés étrangers ?
Dans le monde :
En France : D’où viennent-ils ?
Et dans les faits, quel est leurs parcours ?
Alors quel est le problème ?
Pourquoi ?
Comme l’explique Alice Bertrand, chargée du pôle mineur de l’association Utopia56, le système français proposent une aide conséquente pour les mineurs. Ils sont accompagnés par des professionnels de santé et d’éducation puis placés en famille d’accueil pour s’intégrer en France.
Cependant, la plupart des jeunes qui arrivent dans l’hexagone sont sans papier d’identité. Il est donc très difficile de prouver leur minorité. Certains ont 16 ou 17 ans et paraissent en avoir bien plus. Pour eux, la preuve doit être faite et ce n’est pas chose facile. Des tests osseux sont pratiqués, même si cette méthode et sa fiabilité sont remises en question par de nombreuses instances nationales.
Par ailleurs, les passeurs connaissent bien le fonctionnement de l’état français. Ils connaissent l’accueil qui est réservé aux mineurs.
Alors, malheureusement, nombreux sont ceux qui proposent à de jeunes majeurs de les amener en France et de les faire passer pour mineurs. Le risque : ne pas être considéré comme majeur et se retrouver hors de tout système d’accompagnement.
Que deviennent-ils s’ils ne sont pas reconnus mineurs ?
S’ils ne sont pas reconnus comme mineurs à l’issue de l’évaluation administrative, ils peuvent être enregistrés dans un fichier en tant qu’adultes en situation irrégulière et faire l’objet d’une mesure d’éloignement sans avoir pu voir un juge pour enfant.
Une personne migrante a 90 jours pour déposer une demande d’asile une fois arrivée sur le sol français. Si elle est passée par le processus dédié aux mineurs, il est trop tard pour faire une demande d’asile.
Exclus des dispositifs de protection de l’enfance, ils ne peuvent donc pas bénéficier des dispositifs pour adultes. Ils passent souvent de longs mois à la rue, livrés à eux-mêmes.
A savoir, près de la moitié des adolescents qui contestent la décision administrative de refus de prise en charge sont finalement reconnus mineurs par la justice.
C’est ce qu’explique Alexandre Mazeas, avocat spécialisé en droit des étrangers. « Le problème que rencontrent les jeunes mineurs étrangers isolés, c’est qu’ils peuvent bénéficier du même accompagnement que les mineurs français, comme si ils étaient des enfants placés à l’aide sociale à l’enfance. C’est un accompagnement qui coute très cher. Alors, si les institutions ne sont pas certaines de la minorité de la personne, elles cherchent à s’en assurer. Mais le processus pour s’en assurer prend des mois, parfois des années. Les jeunes sont alors en attente, sans accompagnement. »
De plus, il est fréquent que les jeunes migrants sombrent dans les trafics de drogues afin de gagner de l’argent. « L’Etat et les associations se renvoient la balle de la responsabilité dans leurs accompagnements. Aucune solution n’est alors trouvée pour régler la dangerosité que peut entrainer les trafics de drogue pour les habitants du quartier, ni pour mettre à l’abri les concernés » explique François Dagnaud, maire du 19ème arrondissement de Paris, lieu souvent touché par les trafics de drogue.
Une problématique qui n’est pas près de s’arrêter en 2024, avec l’arrivée des Jeux Olympiques, de nombreux hôteliers accueillant des mineurs isolés rompent leur convention avec l’Etat. Plus de 5.000 chambres sont perdues, additionnées aux 14 000 places en moins depuis la crise sanitaire.