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La forêt de la Sainte-Baume : Un patrimoine naturel en mutation

Lors d’une balade climatique organisée en juin 2024, des experts et passionnés proposent à des groupes d’explorer la forêt de la Sainte-Baume, lieu emblématique pour son patrimoine de la faune et la flore. Mais derrière la beauté de ce massif se cachent des espèces en voie de disparition, victime du changement climatique qui perturbe cet écosystème unique.

“Une montagne, ça se forme aussi le lundi matin,” introduit Richard D’Angio, guide et passionné de la Sainte-Baume. Il explique l’histoire géologique de ce massif, né il y a 75 millions d’années, à une époque où la région était encore sous l’eau. “Le massif a traversé des épisodes marins et continentaux, chauds et froids. Il a même joué un rôle clé dans l’histoire de la géologie, avec les travaux de Marcel Bertrand dans les années 1880.”

 

La forêt de la Sainte-Baume, située au cœur de la Provence, est un véritable trésor de biodiversité. Située à 30 km à l’est de Marseille, cette forêt s’étend sur 2076 hectares et possède certains arbres, insectes qui racontent une histoire millénaire,  avec un écosystème rare qui a évolué au fil du temps. Des guides organisent des balades climatiques  pour découvrir la  faune et la flore de cette forêt domaniale riche et au patrimoine culturel et cultuel ancien, mais aussi prendre la mesure des menaces qui pèsent sur lui.

 

Une forêt qui abrite une biodiversité unique

Oh regardez la, on peut commencer avec  un premier arbre remarquable, ce gros chêne pubescent,” explique Guy Farnarier, membre de l’association Découverte Sainte-Baume. Ce chêne, imposant et majestueux, serait l’arbre originel de la Provence et symbolise la force de la nature dans ce milieu méditerranéen. 

 

À côté de ce chêne, Guy fait découvrir les cavités du tronc et les fissures de l’écorce. “Les cavités des arbres et les fissures abritent une multitude d’espèces, comme des insectes, des chauves-souris et même des reptiles. Les coulées de sève et le bois mort dans le houppier créent des micro habitats essentiels à la biodiversité.” Le bois mort, loin d’être un déchet, regorge aussi de vie, des petites niches de nombreuses espèces, certaines rares et protégées, comme le pique-prune, une cétoine noire qui se nourrit des tissus en décomposition. “Les insectes saproxylophages, qui se nourrissent des tissus décomposés du bois, sont essentiels à l’équilibre écologique de la forêt,ajoute Guy. 

 

Un peu plus loin, Guy nous emmène devant un grand chêne centenaire, nommé Héraclès, tombé au sol à la suite des dernières intempéries. Il était et est encore considéré comme un symbole en Sainte-Baume, de par son positionnement et sa majestuosité. Il était vénéré par les anciens Celtes et les Grecs, qui le considéraient comme l’arbre de Zeus”, raconte Guy. 

 

La faune de la forêt n’est pas en reste. Parmi les insectes, on retrouve la Rosalie des Alpes, un longicorne bleu et noir aux antennes bordées de pompons de velours. “C’est un insecte magnifique, très attaché à des plantes spécifiques, notamment l’ail,” précise Guy. Les oiseaux, eux, trouvent aussi refuge dans cette forêt, avec des espèces comme le pic noir, facilement identifiable lorsqu’il martèle un tronc d’arbre. “Son cri résonne dans toute la forêt, c’est un véritable spectacle sonore,” ajoute t-il. 

 

Ces espèces en danger face au réchauffement climatique

 

Mais aujourd’hui, cet équilibre est perturbé. Les spécialistes confirment que la forêt subit des signes visibles du changement climatique. Les sécheresses répétées et les températures croissantes affectent particulièrement les espèces les plus sensibles de la hêtraie. En vingt ans, 10 à 15 % des espèces les plus exigeantes ont disparu. Elles sont victimes de la chaleur, du manque d’eau et du changement brutal des conditions climatiques,” explique l’écologue  Michel Vennetier. Entre 2003 et 2007, la Sainte-Baume a souffert de déficits pluviométriques allant de 30 à 50%, et sur les huit dernières années, cinq ont été classées « très sèches ».  

 

Au-delà des chênes, la forêt de la Sainte-Baume abrite d’autres secrets végétaux. “Nous avons observé de magnifiques lys, comme le lys Matagot, et des espèces botaniques rares telles que le sceau de Salomon,” poursuit Guy. Ces plantes, liées aux conditions climatiques particulières de la forêt, ont du mal à survivre dans un environnement qui devient de plus en plus aride.

 

“La biodiversité, 99 % se trouve dans le sol,” explique Michel Vennetier, ingénieur forestier et docteur en écologie. C’est là que réside la richesse la plus grande, et malheureusement, le sol souffre autant, sinon plus que la partie aérienne.” Selon lui, les vers de terre, essentiels à la bonne santé des sols, ne peuvent plus travailler lorsque celui-ci est trop sec, et de nombreuses espèces de microfaunes périssent.

La forêt de la Sainte-Baume est souvent comparée aux forêts rares primaires d’Europe en raison de ses chablis (arbres déracinés) et de ses troncs au sol, qui sont les témoins d’une nature sauvage et préservée.  Grâce à ses formations géologiques spécifiques, comme ses falaises qui protègent certaines espèces de la chaleur intense, le massif parvient encore à maintenir des conditions favorables à la vie. “Ici, certaines espèces rares existent uniquement grâce à cet effet de falaise qui les protège du rayonnement solaire,” précise Michel Vennetier. Cependant, ce fragile équilibre est de plus en plus difficile à préserver, et les experts s’accordent à dire qu’il est urgent de réagir. La forêt de la Sainte-Baume, comme beaucoup d’autres, incarne la lutte de notre époque : protéger nos écosystèmes face à des défis environnementaux de plus en plus pressants.

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