Le 28 septembre dernier, le gouvernement Egyptien a annoncé que Coca-Cola sponsorisera la conférence annuelle des Nations Unies sur le climat (COP27). Ce sommet international se déroulera à Charm el-Cheikh, sur les bords de la Mer Rouge en Égypte, du 6 au 18 novembre. Ce partenariat à provoqué un tollé immense chez de nombreuses associations environnementales qui dénoncent un « greenwashing ».
Coca-Cola, premier pollueur plastique au monde
Chaque année, l’ONG Break Free From Plastic établit un classement international des marques les plus polluantes en plastique. Pour la quatrième année consécutive, The Coca-Cola Company est classée première entreprise de ce triste podium, devant PepsiCo et Unilevers. Selon Emma Priestland, coordinatrice pour Break Free From Plastic :
« Le parrainage de la Cop27 par Coca-Cola est un pur « greenwash ». Coca Cola est l’un des plus grands utilisateurs de plastique au monde. Il est ahurissant qu’une entreprise autant liée à l’industrie des combustibles fossiles soit autorisée à sponsoriser un sommet sur le climat aussi essentiel. »
Une autre ONG n’a pas tardé à répondre à l’annonce de ce partenariat. Le responsable de la campagne de protection des océans de Greenpeace, John Hocevar a affirmé dans un communiqué : « Coca-Cola produit 120 milliards de bouteilles en plastique par an – et 99% des plastiques sont fabriqués à partir de combustibles fossiles, ce qui aggrave la crise du plastique et du climat. Coca-cola n’a toujours pas reconnu qu’il s’agissait d’un problème et n’a toujours pas expliqué comment elle allait atteindre ses objectifs climatiques sans mettre fin à sa dépendance au plastique. ce partenariat sape l’objectif même de l’évènement qu’il cherche à parrainer. »
Coca-cola pas vraiment prêt à se mettre au verre !
De son côté, Coca-Cola soutient être prêt à faire les efforts nécessaires devant l’urgence climatique : « Nous partageons l’objectif d’éliminer les déchets de l’océan et apprécions les efforts de sensibilisation à ce défi. Nous sommes prêts à faire notre part et avons fixé des objectifs ambitieux pour notre entreprise en commençant par aider à collecter et à recycler une bouteille ou une canette pour chaque bouteille que nous vendons – quelle que soit sa provenance – d’ici 2030. » Pourtant, derrière ces bonnes volontés s’ajoute un bilan moins glorieux. Sur ces vingt dernières années, la firme n’a jamais atteint ses objectifs de plastiques recyclés dans ses bouteilles. En 2015 par exemple, l’objectif était de 25 % de plastiques recyclés mais la compagnie n’est parvenue qu’à 7 %.
Derrière les efforts faits ou non par Coca-cola pour recycler ses bouteilles se cachent des enjeux économiques. D’une part, l’industrie des combustibles fossiles et du plastique sont interdépendantes, leurs rendements avec. “Aujourd’hui, environ 4 à 8 % de la consommation mondiale annuelle de pétrole est associée aux plastiques. Si cette dépendance aux plastiques persiste, les plastiques représenteront 20 % de la consommation de pétrole d’ici 2050” d’après le Forum Économique Mondial. D’autre part, il est moins coûteux d’intensifier la production de plastique neuf que de vendre à partir de plastiques recyclés. En 2020, il était en moyenne deux fois plus cher de faire une bouteille à partir de PET (polytéréphtalate d’éthylène) recyclé et de qualité alimentaire que de produire une bouteille neuve.
John Hocevar (Greenpeace) ajoute : « Si Coca-Cola veut vraiment résoudre la crise du plastique et du climat, elle doit fermer son robinet à plastique. Mettre fin à la dépendance de Coca-Cola au plastique à usage unique est un élément important pour s’éloigner des combustibles fossiles, protéger les communautés et lutter contre le changement climatique. »
Ce n’est pas la première fois qu’un sponsor arrive avec son lot de discrédits et est pointé du doigt par des ONG et associations défenseuses de l’environnement. On se souvient de sponsors tel qu’Unilever pour la COP26. Face à cela, une pétition a été lancée dans l’espoir que le partenariat entre la COP27 et Coca Cola soit annulé. Celle-ci rassemble désormais des milliers de signataires, de quoi espérer qu’elle ne soit pas balayée comme une bouteille – de coca – à la mer…
Sources : BreakFreeFromPlastic, Packaging Insights, The Guardian, Le Point, Medium, Science Direct, ARTE
Rédacteur : Ewen