Travailler en collaboration avec la nature plutôt que contre elle, peut, avec une bonne gestion, être plus efficace que l’utilisation de produits chimiques nocifs pour l’environnement et l’humain.
C’est le résultat d’une étude scientifique publiée le 17 août 2022 dans la revue Proceedings of the Royal Society – Biology. Les scientifiques concluent que les fourmis seraient plus efficaces que les pesticides dans la production agricole. Les fourmis mangent certains prédateurs qui endommagent les récoltes agricoles (tels que les chenilles ou les mouches drosophiles), ce qui en fait un allié de qualité et permet une augmentation des rendements.
Ce biocontrôle est renforcé dans les systèmes agricoles de type agroforesterie, c’est-à-dire où les arbres et les cultures sont cultivés conjointement. En effet, les cultures sous ombrage sont un habitat favorable aux fourmis.
Par exemple, dans le nord de l’Australie, la fourmi tisserande pourrait augmenter la production de noix de cajou d’à peu près 50%.
“En général, avec une gestion adaptée, les fourmis peuvent être utiles pour lutter contre les ravageurs et augmenter le rendement des cultures au fil du temps. Certaines espèces de fourmis ont une efficacité similaire ou supérieure à celle des pesticides, à moindre coût”.
C’est un résultat encourageant mais pas révélateur en soi. Depuis plusieurs décennies, nous avons arrêté d’écouter la nature et de la comprendre. Pourtant nos ancêtres savaient collaborer avec la Nature pour en tirer des bénéfices chacun de leur côté. C’est le cas de la Chine qui utilise cette technique pour sa production d’agrumes depuis des siècles.
L’étude a analysé la présence de 26 espèces de fourmis (sur les 30 000 existantes) réparties sur 17 cultures, comportant agrumes, pommes ou encore du soja dans des pays tels que les États-Unis, Le Royaume-Uni, le Brésil et l’Australie.
Toutefois, cette interaction ne fonctionne pas à tous les coups puisqu’elle dépend de l’espèce de fourmis sélectionnée. Par exemple, certaines pourraient avoir un mode de vie “néfaste” à l’agriculture, notamment celles qui ont pour habitude d’élever les pucerons et des cochenilles afin de se nourrir de leur miellat (substance sucrée). Dans ce cas, elle favorise la présence de pucerons qui seront néfastes aux cultures. Les auteurs de l’étude expliquent qu’il est possible de rompre cette relation entre les fourmis et les parasites en donnant aux fourmis d’autres sources de sucre pour arrêter cet élevage et favoriser la prédation.
Il en va de soi que cette collaboration doit être envisagée avec précaution en respectant l’équilibre de la nature et de ses interactions complexes.
Source : The effects of ants on pest control: a meta-analysis, Proceedings of the Royal Society – Biology (2022)
Rédactrice : Marie Ehrhardt