Le vaste peuple des vers de terre ou Lumbricina est trop souvent considéré comme insignifiant. Il représente pourtant le règne animal le plus important sur Terre : ces animaux constituent pour plus de 50 % de la biomasse animale terrestre allant jusqu’à 80 % dans certains endroits. Ils sont absolument essentiels dans la préservation et dans la fertilité de nos sols, les rendant davantage vivants et donc résilients.
Ces petits invertébrés participent à l’aération du sol via d’immenses galeries souterraines de plusieurs centaines de kilomètres par hectare. Cette opération permet une meilleure infiltration de l’eau et de l’oxygène, assurant ainsi une croissance optimale des racines. Rappelons également qu’un sol aéré permet de lutter efficacement contre l’érosion des sols et les inondations : jusqu’à 100 ml d’eau peuvent être absorbées par heure (soit 100 fois plus qu’un sol non-vivant) !
Mais ce n’est pas tout : les vers de terre mangent l’équivalent de leur poids en débris végétaux chaque jour qu’ils défèquent ensuite une matière organique super riche en nutriments (azote, phosphore, potassium) qui va nourrir directement les plantes et constituer ce qu’on appelle le complexe argilo-humique. Ce complexe fait d’humus et d’argile a pour fonction dans les sols de les stabiliser et de permettre un stockage en eau qui sera par la suite être restitué aux plantes lorsqu’elles en ont besoin.
Et pourtant, le ver de terre est grandement menacé. On estime que les quantités de vers sont passées de deux tonnes à l’hectare à moins de cent kilos sur certaines zones. Les responsables : l’artificialisation des sols et une agriculture industrielle qui utilise massivement pesticides, engrais chimiques et labour du sol. Un tel écocide marque encore plus l’urgence de revenir à une agriculture douce et biologique, capable de restaurer un cercle vertueux et une coopération positive avec la nature.
Sources : INRAE, CIRAD, CNRS
Rédacteur : Hugo Leportier