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Des Étoiles et des Femmes: la gastronomie qui favorise l’inclusion

Le programme Des Étoiles et des Femmes chaque année permet à des personnes éloignées de l’emploi et issue de quartiers sensibles de se réinsérer grâce à la cuisine. Treize femmes réalisent un CAP Cuisine d’un an, en stage dans des restaurants gastronomiques ou étoilés. « Quand je suis là, je suis dans un autre monde. Je vis mon rêve », sourit Salimata. À 40 ans, elle réalise ses espoirs et entrevoit enfin un avenir durable.

Salimata prépare son examen dans le cadre de son CAP cuisine gastronomique du programme  des Étoile et des femmes. 

 

Ce matin, à 8 heures précises, Salimata arrive avec ses 12 collègues, toutes en tenue : tablier et toque. Elles préparent leurs outils dans les cuisines du lycée hôtelier René Auffray, à Clichy, en Seine-Saint-Denis. « Ici, tout est magique pour moi. Je n’arrive pas toujours à croire que je suis ici« , se réjouit Salimata, qui a du mal à y croire. Salimata à 40 ans, elle est originaire de Côte d’Ivoire. Elle a dû fuir son pays pour la France en 2015. Depuis trois mois, elle fait partie du programme Des Étoiles et des Femmes, qui aide des femmes issues de quartiers sensibles et éloignées de l’emploi à s’intégrer dans le monde de la gastronomie française à travers une formation en partenariat avec le GRETA des Hauts-de-Seine.

 

Aujourd’hui est un jour important : Salimata passe son premier examen de l’année. Premier point avec le chef Letellier, décortiquer les  recettes du jour et ses différentes étapes sur le grand tableau au fond des cuisines. Elle a quatre heures pour cuisiner un risotto au saumon et un bouillon de légumes. La brigade de cuisinières en herbe se met alors au travail sous l’œil attentif du chef et professeur  Hervé Letellier. « J’ai toujours aimé cuisiner chez moi, en Afrique. J’aime inventer des recettes« , explique Salimata. Et quand je suis ici, je suis dans un autre monde. Je vis mon rêve, c’est que du bonheur. »

Explication de l’examen du jour : un risotto au saumon et un bouillon de légumes 

 

Au sein de ce lycée hôtelier, cette promotion compte 13 femmes, souvent en raison de leur motivation plus que de leurs compétences, afin d’offrir à chacune une chance de s’épanouir. Pour beaucoup d’entre elles, ce sera même le premier diplôme de leur vie. « Je me demande si je vais y arriver… Passer le CAP, c’est un rêve. Si j’obtiens mon diplôme, je vais l’encadrer « , mime l’étudiante en cuisine. 

Mais pas le temps de se perdre dans ses pensées, Salimata doit réussir son examen dans les temps. « Vous me montrez le risotto ? Le saumon n’est pas visible. Je vais goûter. Oui, c’est bon« , évalue le chef Hervé Letellier. Pas de quoi se décourager, elle recommence rapidement le dressage. Examen validé.

 

Premier dressage de l’examen de Salimata 

Viser l’excellence gastronomique 

Durant cette année de formation, Salimata jongle entre cours de cuisine et stages dans des restaurants gastronomiques. Le programme Des Étoiles et des Femmes vise à offrir un niveau d’excellence culinaire tout en féminisant le monde de la gastronomie française, où seules 20 % des chefs sont des femmes. Tout au long de l’année, chaque participante est accompagnée par une coordonnatrice de l’association pour garantir une réinsertion professionnelle stable après leur diplôme.

Salimata vient de terminer l’une de ses sessions de stage au Méridien Étoile. Valentine Russier, son accompagnatrice, en profite pour faire un point. « C’était ma première expérience et c’était un lieu vraiment grandiose. Aujourd’hui, je suis très, très contente. Je suis fière de moi« , se félicite Salimata. Un constat réjouissant pour Valentine : « Vous avez raison, nous aussi, on est très fiers de vous. Vous avez la motivation et, maintenant, toutes les clés pour obtenir votre CAP. »

Valentine Russier, coordinatrice Ile-de-France, de l’association des Etoiles et des Femmes, fait un point sur ses premières semaines de stage. 

Au quotidien, Valentine échange régulièrement avec Salimata pour s’assurer que tout se passe bien dans le cadre de sa réinsertion. Aider ces femmes à retrouver confiance en elles grâce au travail est primordial pour l’association. Beaucoup d’entre elles sont victimes de violences conjugales ou psychologiques. Tout est mis en place pour les soutenir au quotidien et pour qu’elles suivent leur formation en toute sérénité  : « Notre association prend en charge une partie des frais de garde d’enfants, les frais de mobilité, les frais scolaires. L’accompagnement inclut également des ateliers, du coaching, et de la sophrologie”, détaille Valentine Russier, coordinatrice Ile-de-France, de l’association des Etoiles et des Femmes. 

Une motivation sans limite

Cette aide est cruciale pour Salimata, qui est aussi maman de jeunes enfants en bas âge. Jongler entre formation et enfants n’est pas toujours simple. D’autant qu’elle a dû redoubler d’efforts pour intégrer le programme. Enfant, dans son pays, elle n’a pas eu la chance d’aller à l’école. Arrivée en France, elle a dû apprendre à lire et à écrire. Elle a tout appris par elle-même, avec quelques cours du soir. « Quand j’ai voulu passer mon CAP, on m’a dit que ça pouvait être possible, mais qu’il fallait d’abord que je refasse une remise à niveau« , raconte Salimata. Une remise à niveau qu’elle a réussie haut la main, et elle garde le cap. 

Salimata et son fils Loïc âgé de 5 ans. 

Tous les soirs, avec son fils de 5 ans, elle continue à s’entraîner : « Quand mon fils apprend à faire les lettres sur ses cahiers, moi, je lis à voix haute mes recettes pour continuer à progresser. » Son fils ne peut s’empêcher de montrer sa fierté pour sa maman.

Malgré les obstacles, chaque année, 150 femmes dans toute la  France intègrent le programme et relèvent le défi : retourner à une vie stable tout en retrouvant confiance et dignité.

En Plus 

La genèse de Des Étoiles et des Femmes – Le programme a été lancé en septembre 2015 par La Table de Cana Marseille et Marseille Solutions, sur une idée originale d’Alain Ducasse. Depuis, dix villes l’ont rejoint : Arles, Paris, Clichy, Montpellier, Nice, Strasbourg, Toulouse, le Pays Basque, Lille et Lyon.

Des Étoiles et des Femmes en chiffres – Depuis 2015, 40 promotions ont été réalisées dans 11 villes. 490 femmes ont suivi une formation de coaching pendant une semaine pour se préparer au recrutement, et 476 femmes sont entrées en formation. Le taux de réussite au CAP est de 98 % parmi les stagiaires ayant présenté l’examen. Le retour à l’emploi est de 70 % dans les six mois suivant la formation.

sources : site internet des Etoiles et des Femmes

Marine Poujol

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