Ce mercredi 13 novembre, les paysans et paysannes de la Confédération paysanne de l’Ain se sont réunis à Ambérieu-en-Bugey pour réaffirmer leur opposition aux accords de libre-échange, discutés en ce moment à la Commission européenne en prévision du G20 au Brésil. Retour sur une journée de protestation.
Sous un ciel bleu, une trentaine de membres de la Confédération paysanne de l’Ain se sont rassemblés à un rond-point stratégique, un lieu d’échange économique situé près d’une autoroute et d’une base militaire. Entre les vaches et chèvres installées symboliquement sur le terrain, les pancartes affichant “Droit au revenu pour tous les paysans et paysannes” et les discours, la mobilisation entend rester sur place jusqu’à être entendue.
“Les accords de libre-échange — je dis bien les accords de libre-échange, et pas seulement le Mercosur — sont une catastrophe pour l’agriculture,” explique Alice Courouble, porte-parole de la Confédération paysanne. “On brade nos produits agricoles de qualité française pour importer des denrées à bas coût, bourrées d’OGM, d’hormones et de pesticides. Tout ça pour pouvoir vendre des voitures et des Rafales. Nous voulons vivre de l’agriculture, pas de l’industrie automobile ni de l’armement.”
Une opposition catégorique
La Confédération paysanne explique qu’elle s’oppose aux accords de libre-échange depuis 25 ans. Pour ses membres, ces traités ne sont pas seulement une menace économique, mais aussi écologique et sociale. “Avec ces accords de libre-échange, il y a des enjeux très préoccupants. Ce sont des milliers de tonnes de viande, de soja OGM et de miel qui inondent nos marchés. Cela accentue la déforestation de l’Amazonie, un symbole fort de la destruction planétaire,” poursuit Xavier Fromont, un autre porte-parole de la Confédération paysanne. “C’est une catastrophe pour l’environnement que nous voulons protéger, ici comme ailleurs.”
Selon eux, ces accords placent les agriculteurs européens en concurrence déloyale avec les paysans du monde entier, dont beaucoup ne respectent pas les mêmes normes environnementales et sociales. “La FNSEA et les coordinations rurales réclament des allégements des normes sociales et environnementales. Ce n’est pas notre objectif, parce que c’est un nivellement par le bas pour tout le monde,” insiste le manifestant. “Il y a une paupérisation avérée des agriculteurs, nos revenus sont mis en concurrence déloyale. Nous recevrons des produits traités avec des pesticides interdits chez nous dont les impacts sur la santé restent mal connus”, ajoute Xavier Frommont.
Une mobilisation visible
Sur place, la présence discrète mais attentive des forces de l’ordre contraste avec l’ambiance détendue des manifestants. Certains tentent de tracter auprès des automobilistes, tandis que d’autres échangent avec les journalistes présents. “C’est la première fois que le sous-préfet vient nous voir. Ça nous a étonnés, car jusqu’ici, nous ne l’avions jamais rencontré. Cela montre que nos actions attirent l’attention, mais nous savons que la bataille n’est pas terminée,” raconte Alice Courouble.
L’accord entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay) est en discussion depuis 20 ans. La Commission européenne espère le faire avancer lors du G20, qui débutera le 18 novembre au Brésil. Pourtant, des dirigeants politiques comme le premier ministre Michel Barnier, se montrent sceptiques. Ce dernier a récemment déclaré qu’il ne signerait pas un accord “en l’état.”
Pour la Confédération paysanne, cela reste insuffisant. “Nous continuons à nous opposer à tous les accords de libre-échange avec toute notre force. Il en va de l’avenir de notre agriculture et de la planète,” martèle Xavier Fromont.
Marine Poujol