Une nouvelle étude publiée le jeudi 5 janvier dernier affirme que la moitié des glaciers sur Terre sont condamnés. Mais surtout, qu’il est encore possible de sauver les autres en limitant au maximum le réchauffement climatique.
Il y a aujourd’hui dans le monde 215 000 glaciers. Un tiers d’entre eux sont même classés au patrimoine mondial de l’UNESCO ! Pourtant, nous avons collectivement échoué à les protéger.
Les images satellites illustrant le retrait du glacier sur le Mont KIlimandjaro.
Leur premier adversaire, et le plus important de tous, sont les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. Ce dernier provoque une perte de masse des glaciers qui entraîne un terrible effet boule de neige à cause de ce que les scientifiques appellent “l’effet d’Albédo”.
Qu’est-ce qu’est l’effet d’Albédo ?
Alors que les surfaces blanches renvoient la chaleur vers l’atmosphère, les surfaces sombres l’absorbent. Les glaciers qui étaient autrefois des immenses miroirs blancs servaient à réguler le climat. Aujourd’hui, leur surface diminue et laisse place à de la roche ou à de la terre sombre, conservant ainsi la chaleur dans l’atmosphère. C’est un cercle vicieux qui s’enclenche: la température globale se réchauffe, les glaciers fondent encore plus vite. Moins il neige, plus la disparition de la neige est rapide.
49% des glaciers condamnés notamment dans les Alpes (les Dolomites) et les Pyrénées (Mont Perdu)
Ce pourcentage correspond à un monde où l’Homme parvient à limiter le réchauffement à 1,5°C en 2100. Si la température globale atteint 4°C, ce pourcentage pourrait atteindre 83%. Ils perdraient donc 26 à 41 % de la masse totale de leur glace. Cela correspond à une augmentation du niveau de la mer de 90 à 154 millimètres.
« Dans les Pyrénées, l’affaire est entendue. Ils vont disparaître d’ici dix à vingt ans », prévient Etienne Berthier, glaciologue du CNRS et coauteur de l’étude. Dans les Alpes, « ils vont persister plus longtemps, mais en 2100, nos projections indiquent qu’il resterait au mieux une quinzaine de pourcents de leur masse ». Dans le scénario +4°C, « c’est la disparition quasi complète ».
La Mer de Glace, plus grand glacier des Alpes françaises situé sur les hauteurs de Chamonix
« Les régions avec relativement peu de glace, comme les Alpes, le Caucase, les Andes ou l’ouest des Etats-Unis, perdent presque toute leur glace d’ici la fin du siècle, quel que soit le scénario d’émissions », précise Regine Hock, professeure à l’université d’Oslo et coautrice de l’article.
Des conséquences considérables pour l’humain et les écosystèmes
“Ce sont nos châteaux d’eau, une de nos plus grandes réserves d’eau douce », qui tendent à disparaître observe la glaciologue Heïdi Sevestre. Dans les Alpes par exemple, les conséquences en cascade sont nombreuses : moins d’eau potable, moins de débit dans les rivières, avec de graves répercussions pour la production d’électricité et le refroidissement des centrales nucléaires.
Également, l‘agriculture sera très fortement impactée par le manque de pluie et de glaciers qui fondent. En effet, grâce à la neige, les glaciers stockent l’eau et la restituent en période de grosse chaleur. “Nous allons perdre cette capacité à rendre l’eau disponible quand nous en avons besoin », résume Etienne Berthier.
Nous devons limiter notre consommation de gaz, charbon et pétrole
Le rapport de l’UNESCO sorti en novembre 2022 alertait sur la disparition des glaciers emblématiques et mettait en avant la seule solution efficace possible : réduire rapidement les émissions de CO2. Le constat est évidemment le même dans la nouvelle étude dont on vous parle ici.
Diminuer nos émissions de gaz à effet de serre permettrait de conserver les glaciers restants, ceux les plus grands et les plus en altitude comme dans les régions polaires ou en Himalaya.
Il existe différents leviers d’action : vote et action collective, éducation, réduction de son empreinte carbone… « Chaque fraction de degré compte, chaque tonne de charbon, de pétrole et de gaz naturel que l’on brûle nous amène dans la mauvaise direction », appuie Heidi Sevestre.
Sources : l’article Global glacier change in the 21st century: Every increase in temperature matters publié le 5/01/23, UNESCO – World heritage glaciers: sentinels of climate change, France TV
Rédactrice : Louise Di Betta