Pesticides un jour, pesticides toujours ? Vendredi 22 septembre 2023, les 27 pays de l’Union Européenne se sont réunis pour examiner la proposition de la Commission européenne : renouveler pour dix ans l’autorisation du glyphosate. Quelle destinée pour ce désherbant controversé dont l’autorisation arrive à expiration mi-décembre 2023 ?
La proposition de la Commission européenne fait suite aux conclusions de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Dans son étude publiée en juillet dernier, l’EFSA explique ne pas avoir “identifié de domaine de préoccupation critique” concernant l’impact du glyphosate sur la santé humaine, animale et sur l’environnement. L’EFSA affirme s’être appuyée sur l’analyse de plusieurs milliers d’études et d’articles scientifiques ainsi que sur les travaux de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) qui conclu en 2022 que “la classification du glyphosate comme cancérogène n’est pas justifiée.”
Le glyphosate est pourtant classé « cancérigène probable » depuis 2015 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Plus récemment, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) arrive aux mêmes conclusions dans son étude issue d’une expertise collective intitulée “Pesticides : Effets sur la santé”.
Dans un récent rapport, l’association Génération Futures explique les divergences entre les conclusions de la recherche médicale française (Inserm) et des agences sanitaires européennes. L’association appelle également l’État français à voter contre le renouvellement de l’utilisation du glyphosate.
La France sera-t-elle tentée d’accepter la proposition ?
En 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à interdire l’herbicide au plus tard fin 2020 et à développer des alternatives. Deux ans après, il renonce à sa promesse lors d’un débat citoyen car une telle décision risquerait de “tuer complètement certaines filières”. En effet, la force du glyphosate est son coût très compétitif à l’hectare. Un arrêt du glyphosate augmenterait forcément les coûts de production donc les prix des produits finis pour les consommateurs.
D’autant plus que les alternatives au glyphosate sont encore en phase expérimentale et limitée à de petites surfaces. En 2017, l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) publie un rapport sur les usages et les alternatives au glyphosate dans l’agriculture française. Les trois pistes majeures sont le désherbage par méthodes physiques, la recherche de produits alternatifs et la mise en place de méthodes préventives qui préviennent la présence des mauvaises herbes.
Le sujet du glyphosate s’élargit à celui des pesticides. Une fois introduits dans l’environnement et la chaîne alimentaire, ces substances engendrent des effets complexes qui dépendent de facteurs multiples. Leur utilisation n’est donc pas anodine et les découvertes scientifiques n’ont pas encore tout révélé.
Rendez-vous le 13 octobre prochain pour la décision finale des 27 États membres sur l’avenir du glyphosate en Europe.
Le Glyphosate : un herbicide irremplaçable ?
Développé par l’entreprise américaine Monsanto depuis 1974, le glyphosate est le principe actif du RoundUp. En août 2018, Monsanto est condamnée à verser près de 300 millions de dollars de dommages et intérêts à Dewayne Johnson, jardinier atteint d’un cancer en phase terminale. Son utilisation n’est pour autant pas interdite.
Le glyphosate a la particularité d’être à la fois total (efficace sur tous les végétaux), systémique (toute la plante est tuée, même les racines) et non-rémanent (possibilité de semer dès le lendemain du traitement). Il est d’autant plus unique de part son prix (30-40 euros par hectare). Non sélectif, le glyphosate ne tue pas exclusivement les mauvaises herbes.
Rédactrice : Clémence Lesieur